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MOUVEMENT 2 MILLIONS DE SIGNATURES - DONNER UNE CHANCE AU DIALOGUE POUR UNE SORTIE DE LA CRISE SECURITAIRE AU BURKINA FASO

Appel pour une nouvelle initiative politique au Burkina Faso

Appel pour une nouvelle initiative politique pour sortir de la guerre, gagner la paix et engager la refondation au Burkina Faso.



Malheureusement, le MPSR II et ses partisans comme il fallait s’y attendre, n’ont tenu aucun compte des interpellations à la sagesse, à la lucidité et au patriotisme véritable pour une transition politique qui nous mette en situation de défaire politiquement et militairement l’insurrection armée djihadiste dans notre pays. Ainsi au regard des conclusions des assises du 25 mai 2024, on peut en une certaine manière dire que le MPSR II a cédé à l'hubris qui, comme on sait est mauvaise conseillère; quelqu'un a dit « le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument»; assurément, notre situation au sortir des assises, sans nul doute, ouvre des perspectives politiques plus que problématiques pour notre pays. C’est pourquoi je me joints à la réflexion et appel à la sagesse de l’éditorialiste du Journal burkinabè «Le Reporter» : Vaincre ensemble le signe indien aujourd'hui ou périr tous demain, que je voudrais prolonger par une initiative d’action concrète.

Ainsi, on notera que les assises du 25 mai 2024 se sont conclues sans un bilan public de la reconquête du territoire et il faudra vraisemblablement, selon la nouvelle charte adoptée et endossée par le chef de l’État et chef suprême des armées, endurer la guerre encore au moins 60 longs mois.  À l’évidence, cela semble difficilement soutenable pour notre pays au regard des sacrifices inédits déjà endurés !

Pour l’immense majorité des Burkinabè la question essentielle demeure donc, comment obtenir un retour à une paix viable et durable dans un meilleur délai?

Les groupes armés djihadistes n’ont pas et ne peuvent pas disposer d’autant de moyens et d’hommes que l’État burkinabè pour faire la guerre. Leur défaite militaire n’est donc pas impossible. Cependant, les conditions de leur résurgence et de leur montée en puissance régulière sont inscrites dans l’impossibilité même de réformer la culture politique de l’élite dominante qui considère que l’ordre incarné par le modèle politique de l’État-Nation post-colonial est indépassable. Une culture politique ancrée dans la patrimonialisation de l'Etat et un autoritarisme plus ou moins despotique selon les différents régimes que notre pays a connu. C'est ce long parcours débilitant qui a conduit à la crise structurelle de l'Etat et du vivre-ensemble, et finalement aujourd'hui, à l'insurrection armée djihadiste inédite que vit notre pays depuis 2015. Les leaders djihadistes terroristes disposent de ce fait, d’un avantage stratégique qui peut être rapidement traduit en avantages tactiques face à des armées de métier dont les élites pour l'essentiel, participent de la même culture politique dominante. Le cas du Mali après la défaite des djihadistes en 2013 l’illustre à souhait. En une décennie, ils ont étendu la guerre à toute la sous-région, mis en échec au Sahel la France au plan politique et militaire, engagé dans une déliquescence profonde les États du Sahel Central et engagé une déconstruction sérieuse de l’intégration régionale. Ce n’est donc pas in fine, une question d’équipements militaires et de puissance de feu.

Ainsi, notre enlisement dans la guerre est-elle une perspective parfaitement inscrite dans le ‘‘Tout militaire’’ : Cette gouvernance aveugle de toute stratégie politique de sortie de crise; sa stratégie militaire s’accompagne ainsi, de plus en plus, d’une recrudescence inouïe de la violence contre les civils et du renforcement continu et soutenu de l’imperium d’un régime militaire avec son lot quotidien d’arbitraire et de despotisme ; toutes choses qui s’inscrivent parfaitement dans la stratégie de chaos mise en marche par les leaders djihadistes terroristes, bien éloignée de la recherche de la paix.

En effet, depuis la défaite du Califat de Daech en Syrie et en Irak, les djihadistes savent qu’il leur est impossible d’afficher un Proto-État et à fortiori d’établir un État viable et durable. Leur objectif au Burkina Faso n’est sans doute pas de conquérir et d’exercer le pouvoir d’État ; c’est de faire de notre pays un non-État ; c’est-à-dire une zone de populations et de terroirs en déshérence soumis à l’obligation d’allégeance au salafisme et à la gouvernance par la violence de chefs de guerre salafistes. Ils peuvent même se contenter des 35% du territoire qu’ils contrôlent selon des estimations officielles en 2023 et nous laisser pour ainsi dire cuire dans notre jus d’Etat de non droit, de pertes en vies humaines quotidiennes et de politique politicienne dans le reste du pays ! C'est assurément une perspective terrible pour notre pays et cependant plus que plausible malheureusement.

Alors que faire et comment le faire ?

Il me semble nécessaire, existentiel, urgent et possible de construire un processus politique national crédible et viable pour sortir progressivement de la guerre, gagner la paix et engager la refondation de notre vivre-ensemble et de l’État, et dont la première étape est notre mobilisation populaire et pacifique  autour :

  • De nos autorités traditionnelles et religieuses qui ont toujours répondu à l’appel de la patrie en danger.
  • De nos anciens chefs d’État qui résident dans notre pays ; dans la dignité et l’honneur sans tâche de cette haute fonction qu’ils ont occupée, ils savent que le pays est à la croisée des chemins.

D’où mon initiative d’appel à leur égard à Å“uvrer auprès du chef de l’Etat pour la perspective d'un Cessez-Le-Feu et l’ouverture d’un Dialogue communautaire à la base.

Qu’est-ce à dire?

En ce qui concerne le Cessez-Le-Feu.

C’est une modalité essentielle pour sortir progressivement de la guerre. Elle permet l’économie de nos forces à tout point de vue, de préserver des vies, de commencer à panser les meurtrissures et fragilités du tissu social mis à rude épreuve.

Il s’agit d’obtenir un Cessez-le-feu de (six) 6 mois renouvelable entre le JNIM et l’Etat burkinabè.

C’est là que la stratégie militaire doit se mettre au service de la stratégie politique.

Les stratèges militaires connaissent bien l’importance du Cessez-le feu préconisé à cette étape de lutte ; ils en connaissent aussi les risques et les menaces, ainsi que les mesures à prendre pour leur gestion.

Les leaders des groupes armés burkinabè affiliés au JNIM ont montré qu’ils étaient à l’écoute des tendances dans l’opinion publique en ce qui concerne les voies de sortie de la crise ; en témoigne leur réaction au lancement du recrutement de 50.000 VDP à l’avènement du MPSR 2 dont RFI s’est fait l’écho qui lui a valu la suspension de sa diffusion ; on peut ainsi considérer que l’escalade dans la stigmatisation et la violence contre les civils est en lien direct avec le recrutement massif de VDP, l’espoir qu’il a suscité et la modification significative des règles d’engagement des différentes parties qui l’ont accompagné.

Une mobilisation populaire pacifique en faveur d’un Cessez-Le-Feu et l’ouverture d’un dialogue à la base ne devrait donc pas laisser indifférents les leaders djihadistes burkinabè si les acteurs, thématiques et modalités d’un tel dialogue sont dans la perspective de dépasser de manière crédible et viable l’ordre post-colonial et ses valeurs ainsi que d’esquisser une refondation de l’Etat.

Les leaders djihadistes burkinabè seront ainsi mis au pied du mur et placés dans l’obligation de souscrire au Cessez-le-feu et à la dynamique de sortie de la guerre, ou de prendre le risque en le refusant, de perdre le gros de leurs forces combattantes et d’en sortir particulièrement affaiblis. L’effet d’une telle stratégie politique aura aussi sans nul doute, un effet d'entraînement significatif dans les rangs de d’Etat Islamique au Sahel (EIS).

La modalité imaginée pour une telle mobilisation populaire pacifique est une Pétition en faveur d'un Cessez-Le-Feu adressé au JNIM et à l’Etat du Burkina Faso.

Compte tenu de la situation sécuritaire seule la campagne de collecte de signatures en ligne a été lancée.

L’étape de la collecte de signatures au niveau des PDI et des villages selon des modalités adaptées interviendra dès que possible.

Au total, notre mobilisation populaire, le Cessez-Le-Feu, la conduite effective du dialogue communautaire, ses résultats et leur mise en Å“uvre efficace seront les jalons déterminants de notre mouvement collectif vers la refondation à travers le processus de façonnage d’un imaginaire alternatif à l’Etat-Nation post-colonial.

En ce qui concerne le dialogue.

Sous l’hypothèse d’un Cessez-Le-Feu de six (6) mois, renouvelable, il est possible d’organiser le retour d’une grande majorité de PDI dans leurs villages pour y engager elles aussi le dialogue.

Je voudrais à présent étayer la voie du dialogue à travers ses acteurs, ses thématiques, ses modalités ; ils se veulent des fondements crédibles et durables de la désescalade, de la refondation de notre vivre-ensemble et de l’Etat dans notre pays.

Les acteurs du dialogue.

Il s’agit d’une part, des sociétés villageoises dans leurs différents terroirs d’inscription et d’autre part, des franchises djihadistes du JNIM actives dans ces terroirs

Les sociétés villageoises sont des corps sociaux et politiques institués bien avant l’Etat burkinabè ; elles continuent leur dynamique civilisationnelle envers et contre toutes les adversités des modèles politiques qui tentent de les subjuguer. Ainsi, ont-elles façonné à travers des processus instituants endogènes et autonomes des sociétés multinationales contemporaines bien vivantes avec leurs forces et leurs faiblesses et auxquelles l’immense majorité de burkinabè qui sont des agriculteurs, des éleveurs, des pêcheurs et des artisans, tiennent comme la prunelle de leurs yeux. Il nous faut en conséquence refuser de nier cette réalité au nom de la République, de la Nation, de la démocratie représentative, de la laïcité, et du modèle d’éducation de la jeunesse par l’école contre les valeurs traditionnelles.

Il nous faut donc donner à ces sociétés, la chance de prendre en charge à leur manière cette crise dans laquelle elles payent le plus lourd tribut et connaissant bien mieux ceux des leurs qui sont engagés dans les groupes armés djihadistes et qui sont actifs dans les différents terroirs.

Les franchises djihadistes du JNIM, sont des structures décentralisées animées par des acteurs ruraux au niveau local sur la base de problématiques spécifiques ; ces derniers sont loin d’être des idéologues et des salafistes indécrottables. Ils n’entendent certainement pas vouer à la guerre leurs vies et celles de leurs familles. Ces combattants villageois forment le gros des groupes armées dans chaque terroir.

Le dialogue pour être crédible doit donc offrir à ces composantes des troupes combattantes djihadistes, un espace crédible de dialogue pour la recherche, sur la base de nos traditions villageoises de gestion et de règlement des conflits, de solutions endogènes et concertées aux maux structurels qui ont rendu possible, un ancrage significatif des groupes armés djihadistes au sein de la jeunesse rurale pastorale à l’échelle nationale et l’embrasement du milieu rural ; C’est sans doute ainsi, ouvrir par le bas, une voie plus adaptée de recherche de la paix, de refondation de notre vivre-ensemble et de l’Etat.

Les thématiques du dialogue.

Le dialogue au regard de tels acteurs, pour être crédible et viable doit avoir comme axe principal, la gestion de la crise foncière en milieu rural avec comme but assigné : La sécurité physique, culturelle et sociale partagée des communautés dans chaque village à travers une viabilisation de l’exploitation familiale qui est la modalité sociale productive de telles sociétés.

A cet égard, quatre (4) thématiques d’intérêt mutuel peuvent permettre de réactiver de manière adaptée les processus instituants endogènes et autonomes au niveau villageois afin de prendre en charge les besoins d’innovation et de changement qu’appelle une sortie durable de la crise sécuritaire.

  • La rénovation endogène de la gestion coutumière de la terre afin de renforcer l’économie familiale et villageoise dans toute ses diversités sectorielles.
  • La reconquête et/ou le renforcement du respect mutuel entre communautés et croyances.
  • L’identification et la gestion des besoins de mutation en rapport avec l’éducation de la jeunesse, la question des cadets sociaux, la sécurité alimentaire et les services sociaux de base.
  • La réconciliation au niveau villageois sur la base des mécanismes traditionnels éprouvés et à réinventer au besoin.

Les modalités du dialogue.

Elles doivent être ancrées dans les modalités spécifiques de la délibération villageoise et ainsi, donner droit sans équivoque aux processus instituants endogènes et autonomes des sociétés villageoises.

Ainsi dans chaque village, les corps constitués traditionnels que sont le chef de terre, le chef coutumier, le chef de village, élargis au Bureau CVD (Conseil villageois de développement), aux autorités religieuses, aux leaders d’opinion des communautés allochtones, des communautés discriminées, des jeunes et des femmes doivent délibérer et prendre des décisions sur ces quatre (4) thématiques ainsi que sur les modalités de leur mise en Å“uvre efficace y compris les mécanismes de suivi, d’ajustement et de sanction.

Sur cette base, chaque village ou groupe d’affinité de villages, prendra langue avec leurs frères affiliés au JNIM actifs sur le terroir afin d’engager le dialogue et la recherche d’accords qui s’imposeront à chacun y compris les mécanismes de suivi, d’ajustement et de sanction.

Bien naturellement ces décisions dans leurs diversités ne devront pas être contestées au nom de principes modernistes et universalistes abstraits ; leur mise en commun et les nouveaux compromis éventuels à trouver devront être pris en charge par des concertations inter-villageoises en considérant les convergences et les divergences.

Alors s’esquissera ainsi, le premier pilier essentiel de la Refondation du Vivre-ensemble et de l’État : le village comme échelon de base d’une approche délibérative, participative et inclusive de l’action publique.

La suite implique l’exploitation analytique des résultats consolidés des concertations villageoises afin d’inférer les fondements philosophiques, éthiques et moraux pour la Refondation du vivre-ensemble ; la forme de l’Etat, son organisation territoriale ; ses institutions aux différents échelons du territoire ; les fondements de l’économie politique à bâtir; les nouveaux principes d’éducation de la jeunesse.

L’ensemble de ces éléments permettront d’identifier les corps instituants pertinents en plus des sociétés villageoises à mobiliser afin d’engager le processus de façonnage, selon des modalités de la co-construction, d’un imaginaire alternatif à l’ordre post-colonial.

Aussi, ceux qui veulent prendre connaissance de l'initiative de Pétition qui accompagne le présent appel, et éventuellement la signer, une version audio et une version texte de la Pétition sont disponibles à travers le lien ci-après : https://chng.it/HSJPt58jrS

Comme le disait si bien Joseph Ki-Zerbo : Nan lara an Sara !

 Bon courage à nous.

DIALLO Mamadou.

74501859
adidiam@yahoo.fr




 

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