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MOUVEMENT 2 MILLIONS DE SIGNATURES - DONNER UNE CHANCE AU DIALOGUE POUR UNE SORTIE DE LA CRISE SECURITAIRE AU BURKINA FASO

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SORTIR DE LA CRISE SECURITAIRE AU BURKINA FASO

Le groupe d’initiative pour le dialogue entame ce 7 août 2024 la diffusion en quatre épisodes, du Podcast « Sortir de la crise sécuritaire au Burkina Faso » dans le cadre de la campagne de mobilisation de signatures de la Pétition en ligne « Deux millions de signature en faveur du dialogue ». Son contenu s’articule autour de l’Essai « Dans la dynamique de la refondation du vivre-ensemble et de l’Etat au Burkina Faso » paru en décembre 2023 à Mercury Editions au Burkina Faso.

Programme de diffusion :
  • Episode 1 : 07 août 2024
  • Episode 2 : 14 août 2024
  • Episode 3 : 21 août 2024
  • Episode 4 : 28 août 2024.
Dès le 31 août 2024 l’ensemble des épisodes du Podcast ainsi qu’une version texte seront accessibles à l’onglet « Podcast » du blog.

Prendre connaissance et signer la Pétition ICI

Episode 1

  

 
Episode 2


Episode 3

 

Episode 4


Texte de l’interview

Monsieur Diallo Mamadou (DM) : Présentez-vous et présentez-nous le Podcast  

DM : Je suis né en 1952 ; je suis Ingénieur du Génie Rural retraité de l’Administration   burkinabè ; je suis porte-parole du Groupe d’Initiative pour le Dialogue (GID) qui anime le « Mouvement 2 millions de signatures en faveur du dialogue » pour le retour de la paix au Burkina Faso.

En ce qui concerne le Podcast «Sortir de la crise sécuritaire au Burkina Faso» : c’est une initiative du GID dans le cadre de la campagne de mobilisation de signatures de la Pétition en ligne « Deux millions de signature en faveur du dialogue » et pour accompagner la construction du mouvement «Mouvement 2 millions de signatures en faveur du dialogue» ; son contenu  s’articule autour de l’Essai «Dans la dynamique de la refondation du vivre-ensemble et de l’Etat au Burkina Faso» paru en décembre 2023 à Mercury Editions au Burkina Faso.

Le Podcast comprend 4 épisodes.

Après cet épisode introductif qui présente l’objet de l’Essai suivront 3 autres épisodes à savoir : un épisode pour chacune des 3 parties de l’Essai.

Monsieur DM : Pouvez-vous nous introduire à l’objet de votre Essai. 

DM : Comme chacun sait, ce sont pour l’essentiel des Groupes armés burkinabè d’obédience salafiste, affiliés à deux mouvances djihadistes au Sahel qui ont porté la guerre dans notre pays ; l’une, le JNIM (le Groupe de soutien à l’islam et au musulmans), lui-même affilié à AQMI et l’autre, l’Etat Islamique au Sahel (EIS) affilié à DAECH.

Sans aucune équivoque, les Djihadistes sont engagés dans une dynamique insurrectionnelle à partir des campagnes qui remet ouvertement en cause l’ordre post-colonial. C’est la première fois depuis son accession à l’indépendance, que notre pays doit faire face à une telle circonstance historique inédite.

Depuis, notre pays est à feu et à sang, a renoué avec les coups d’Etat militaires et s’enlise dans la guerre et dans une déstructuration profonde : Il faut en sortir !

L’Objet de l’Essai est de porter et de promouvoir la vision du GID qui est de construire un mouvement populaire pacifique pour sortir de la guerre, gagner la Paix et engager la Refondation par le bas de notre vivre-ensemble et de l’Etat dans notre pays.

In fine pour le GID, il nous faut imposer par une mobilisation populaire pacifique un Cessez-Le-Feu durable et l’ouverture d’un dialogue communautaire à la base avec les combattants djihadistes, tout particulièrement ceux engagés dans les franchises du JNIM dans nos différents terroirs villageois.

Notre mobilisation populaire, le Cessez-Le-Feu, la conduite effective du dialogue communautaire, ses résultats et leur mise en œuvre efficace seront les jalons déterminants de notre mouvement collectif vers la Refondation à travers un processus de façonnage en commun d’un imaginaire alternatif à l’Etat-Nation post-colonial.

Monsieur DM : Comment une telle mobilisation est-elle possible dans le contexte actuel ?

DM : Le GID a imaginé pour cela le lancement d’une pétition portant l’appel à un cessez-le-feu qui s’adresse au JNIM et à l’Etat Burkinabè.

Notre première ambition est d’obtenir au moins Mille signatures de personnes ayant accès à internet ; donc de personnes, dont on peut dire appartenant à diverses composantes de notre élite urbaine.

Bien naturellement une telle modalité sera adaptée et portée auprès de personnes vivant dans les villages et auprès de PDI ne pratiquant pas le français. C’est notre cible principale.

Monsieur DM : Pourquoi ces populations constituent-elles la cible principale?

DM : Cela peut paraître en effet paradoxale étant donné que c’est l’élite urbaine qui, bien que représentant tout au plus 3% de notre population, anime au travers de l’Etat, la vie politique, économique et culturelle moderne et in fine, anime la recherche des voies et moyens de sortie de la crise sécuritaire. En cela il n’y a pas de doute, nous sommes à la peine. Autant en régime civil qu’en régime militaire.

Il nous faut alors faire l’hypothèse de l’existence d’autres forces sociales à même de relever le défi. C’est cela qui nous a conduit à nos sociétés villageoises contemporaines.

Il nous faut en effet constater quelques-unes de leurs particularités qui sont essentielles dans la recherche des voies et moyens de sortie de la crise sécuritaire.  
Premièrement : nos sociétés villageoises contemporaines sont la donne immensément majoritaire de notre population ; elles articulent une vision du monde spécifique avec ses Modèles d’organisation du Politique, de l’Economie, de l’Education, de la Solidarité, de l’Accueil, de l’Hospitalité et de la Gestion des conflits. Ce sont ces valeurs qui sont communément désignées comme nos traditions et coutumes ancestrales.

Deuxièmement : la majorité des populations burkinabè vivant dans les villages et ceux des leurs qui vivent en ville continuent à observer très largement ces traditions et coutumes à l’occasion de l’essentiel de leur vie culturelle, institutionnelle, sociale et économique.

Troisièmement : Ces traditions ancestrales ont articulé une réalisation civilisationnelle contemporaine exceptionnelle à plus d’un titre, à savoir, le façonnage de nos sociétés villageoises actuelles dont l’originalité politique, institutionnelle et spirituelle peut être ainsi résumée : nos sociétés villageoises contemporaines sont multinationales et non sécularisées : ethnies, lignages, clans, tribus, croyances et religions y co-existent et organisent leur vivre-ensemble sur la base de leurs propres règles et institutions, à l’écart du système politique et institutionnel officiel ; on y naît, on y vit, on y quitte le monde de manière endogène pour tout dire, en dépit des emprunts et d’un certain syncrétisme religieux. Les conflits n’y manquent pas et avec souvent aussi leurs morts d’hommes ; mais aussi on peut noter des modalités pour leur gestion et règlement. 

Quatrièmement : le gros des troupes combattantes djihadistes est issu du milieu rural, y vit, ne pratique pas le français et participe peu ou prou à notre système institutionnel officiel. Très largement ces combattant se reconnaissent dans nos traditions ancestrales. 

Cinquièmement : les différents terroirs villageois et leurs problématiques spécifiques sont une des dimensions de la stratégie et de la tactique de la guerre asymétrique pratiquée par les groupes armées djihadistes en particulier l’organisation très largement décentralisée des unités combattantes djihadistes.

Sixièmement : incontestablement ce sont nos sociétés villageoises qui payent le plus lourd tribut à la guerre et ont tout à perdre d’un enlisement dans la guerre ; tout aussi incontestablement, ce sont elles qui ont le plus à gagner d’une paix durable, d’une refondation de notre vivre-ensemble et de l’Etat qui ne contraignent plus leur dynamique anthropologique et social, c’est dire leur historicité.

Au regard de ces Six considérations, le GID a fait de nos sociétés villageoises contemporaines, la pièce maîtresse de la construction d’une stratégie politique viable et crédible pour sortir de la guerre, gagner une paix durable et engager la Refondation.

L’Essai entreprend donc l’identification des fondement historiques, anthropologiques et politiques d’une telle stratégie. Il s’agit in fine de l’ébauche d’une théorie de la Refondation qui s’enrichira dans le feu même du développement de notre mouvement collectif vers la Refondation du vivre-ensemble et de l’Etat dans notre pays.

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Sortir de la crise sécuritaire au Burkina Faso.
Episode 2/4

DANS LA DYNAMIQUE DE LA REFONDATION DU VIVRE-ENSEMBLE ET DE L’ETAT AU BURKINA FASO.
 
Partie I : La Profondeur historique des sociétés villageoises contemporaines africaines.
 
Que retenir de la restauration de la conscience historique négro-africaine.

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Monsieur DM : Pouvez-vous nous introduire au contenu de la première partie de votre Essai.

DM : L’objet de cette partie c’est la prise en compte de notre conscience historique de négro-africains devant l’impératif catégorique de sortie de la crise sécuritaire et de refondation. Quelqu’un a dit « quand le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres ».

Cheikh Anta DIOP a ainsi fait de la restauration de la conscience historique africaine la condition essentielle de la Renaissance Africaine.

Dans cette première partie, l’Essai entreprend donc de revisiter (i) les constructions étatiques précoloniales, (ii) la conquête et la pacification des territoires constitutifs de l’actuel Burkina Faso et (iii) le processus d’implantation de l’Etat colonial qui est la matrice politique, idéologique et économique de l’Etat post-colonial dans notre pays.

En ce qui concerne les constructions étatiques précoloniales.

Contrairement à ce que l’historiographie dominante laisse entendre, l’institution étatique n’est pas l’apanage des indo-aryens (européens, assyriens, indiens), des asiatiques (chinois, japonais) et des sémites (arabes et juifs).

La première construction étatique humaine et des plus emblématique s’il en est, est celle de l’Égypte pharaonique nègre nourrie par sa source nubienne. Elle s’est étalée de - 3100 à – 332 avant l’ère chrétienne et avec une périodisation que les égyptologues ont établie. 

C’est au sortir de la décadence de l’Egypte pharaonique qu’une nouvelle dynamique de constructions étatiques a émergé, dont certaines en portent encore le souvenir à travers les principes de la royauté, de gouvernance et les rites de sacralisation.

En Afrique de l’Ouest élargie au Sahel occidental, les principales constructions étatiques connues sont l’Empire du Ghana; l’Empire du Mali et l’Empire Songhaï et à la suite de leur entrée en décadence successive, l’émergence de différents Etats autonomes et royaumes construits (i) par différentes aristocraties animistes ( Ashanti, Mampursi (Mossi), Fon, Yorouba, Wolof, Bambara, Sénoufo, Peulh, etc. ), (ii) des élites musulmanes (Ousmane Dan Fodio ,Sékou Amadou,  El Hadj Omar Tall, etc…), et (iii) des élites commerçantes islamisées (Samory Touré). Ces constructions se sont étalées du 3è au 19è siècle selon l’historiographie couramment admise.

La principale modalité de telles constructions étatiques étant les Guerres d’Etat, des Guerres entre Etats et le Djihad qui ont permis de soumettre tribus, sociétés lignagères, segmentaires et villageoises dont la caractéristique commune est un régime de séniorité dans la famille et entre les familles dans l’occupation de l’espace, l’animisme, le culte des ancêtres et de la terre, et un mode de production familial et patriarcal. 

L’Essai souligne les spécificités anthropologiques et politiques de ces constructions; elles font ressortir la capacité des sociétés lignagères et villageoises à contenir et à digérer l’adversité résultant de l’émergence et de la construction de l’Etat précolonial.  Elles ont dû ainsi faire face à la violence, aux économiques politiques des élites gouvernantes ; des économiques politiques à dominante tributaire, prédatrice (rapines, pillages, razzias), de traite des esclaves et de contrôle du commerce à longue distance (cola, sel, fer, produits de l’artisanat, fusils de traite).

C’est ainsi que l’on peut repérer des fondements du génie politique des sociétés lignagères et villageoises pour la modération du pouvoir et de l’autorité des élites gouvernantes et pour la gestion de la violence ; ces fondements s’organisent autour du culte des ancêtre et de la terre, des rites de sacralisation du pouvoir, et de la construction d’alliances diverses : alliances de sang ou mythique (à valeur de serment inviolable), alliances de lait (de fraternité construite), alliances matrimoniales (mariage, parenté, entraide,  tolérance) ; cette ingénierie sociale est convoquée et construite entre sociétés soit pour mettre fin à l’état de guerres entre lignages et entre villages et pacifier les rapports ; soit de protection réciproque contre les razzias de captifs ou d’esclaves de traite.

Leur symbolique est souvent traduite dans la pratique de la parenté à plaisanteries, d’interdits spécifiques, d’échanges de biens et services et d’intermédiation entre différentes communautés claniques, ethniques, professionnelles, villageoises.

Cette ingénierie a été bien utile face au climat d’insécurité et de violence quasi-permanent porté par le processus de construction étatique endogène avant la colonisation.

Ainsi, à la veille de la conquête coloniale, les sociétés lignagères et villageoises les plus anciennement installées de l’espace territorial de l’actuel Burkina Faso sont des corps politiques vivant leur plénitude culturelle qui ont su préserver leur mode de production et de reproduction sociale.

En ce qui concerne la conquête et la pacification des territoires constitutifs de l’actuel Burkina Faso.

L’Essai fait le constat d’une vulnérabilité des Etats précoloniaux et des sociétés à la veille de la conquête coloniale ; ce qui l’a facilitée.

Les aristocraties guerrières, les élites musulmanes et commerçantes conquérantes à travers leurs modalités de conquête et de domination ont imposé des sacrifices inouïs aux sociétés lignagères et villageoises sans souvent la contrepartie efficace de sécurité promise. En particulier, les ravages de l’esclavage transatlantique, les tributs et prestations exigés pour l’entretien des élites, les pillages réguliers ont bien souvent mis à mal les capacités productives, surtout en périodes de sécheresse et d’invasions acridiennes qui n’ont pas été rares ; il en a souvent résulté des périodes de famine effroyables.

Au total, des Etats, des sociétés lignagères et villageoises peu préparés à affronter des Etats autrement plus guerriers et plus ambitieux venus de l’Occident.
Ainsi, la conquête et la pacification des territoires des peuples dit voltaïques se sont déroulées principalement sur une période d’environ 30 ans, plus particulièrement entre 1885 et 1914. 

La conquête a suivi un schéma d’ensemble typique en Afrique subsaharienne, à savoir : un petit nombre de militaires occidentaux, aidés par un très grand nombre de tirailleurs, leurs supplétifs - qui les ont rejoint afin d’échapper aux ravages terribles des guerres de lignages, des guerres dynastiques, des guerres d’États et d’une économique politique fondée essentiellement sur l’esclavage, a pu ainsi vaincre ces États et Royaumes, subjuguer leurs élites et les utiliser pour briser les résistances des populations et asseoir la domination coloniale.

Bien naturellement la colonisation et la pacification ont rencontré des résistances tant de la part des aristocraties gouvernantes que des sociétés lignagères et villageoises.

Pour les élites gouvernantes, l’échec des résistances a ouvert une longue période d’accommodement réciproque des élites (traditionnelles, musulmanes et commerçantes) et des acteurs de la colonisation française dans une sorte d’alliance stratégique de classe qui va structurer le fait colonial.

Par contre pour les sociétés lignagères et villageoises, l’échec des résistances et la pacification ont ouvert une longue période de résilience et de digestion d’une nouvelle adversité politique, culturelle, sociale et économique pour les sociétés lignagères et villageoises dans la poursuite de leur dynamique anthropologique et sociale.

En ce qui concerne le processus d’implantation de l’Etat colonial, préfiguration de l’Etat post-colonial.

La conquête et la pacification, signent l’avènement d’une nouvelle adversité bien plus insidieuse encore car construite autour d’une culture particulière, de modalités politiques et économiques nouvelles, celles du colonisateur et étrangères aux élites gouvernantes, mais aussi aux sociétés lignagères et villageoises. L’institution emblématique de la domination étrangère fut la colonie. Celle de la Haute-Volta préfigure l’Etat Voltaïque indépendant, l’actuel Burkina Faso.

L’Essai analyse particulièrement le modèle d’éducation contre les valeurs traditionnelles introduite par la colonisation qui est encore aujourd’hui la matrice idéologique de notre système éducatif.

Face à cette situation, les sociétés lignagères et villageoises ont déployé différentes stratégies afin de poursuivre leur dynamique anthropologique et sociale : sur la plan du langage et culturel : caractérisation péjorative de la civilisation occidentale par un terme générique : les manières de blanc ; créolisation de la langue du colonisateur ; passivité devant les mots d’ordres, projets et l’impôt ; évitement marqué de contacts avec le colon, son administration, du recours à ses lois et règlements dans la vie courante; poursuite du culte des ancêtres et de la terre et du modèle d’éducation de la jeunesse ; perversion du modèle élitiste et compétitif par le modèle de la solidarité familiale, clanique, ethnique, et villageoise, émigration, etc...

Cette résistance perlée va se poursuivre avec l’ordre post-colonial, le débiliter et finalement programmer sa faillite.

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Sortir de la crise sécuritaire au Burkina Faso.
Episode 3/4

DANS LA DYNAMIQUE DE LA REFONDATION DU VIVRE-ENSEMBLE ET DE L’ETAT AU BURKINA FASO.
 
Partie II : Etat et sociétés dans l’ordre post-colonial.
 
Les racines de la faillite de l’Etat post-colonial et de son modèle politique.
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Monsieur DM : à grands traits que retenir de cette deuxième partie ? 

DM : Cette partie rappelle le processus ayant conduit à la création de la colonie de la Haute-Volta, ses principales spécificités politiques en relation avec l’existence du Moogo (désigné comme le royaume mossi) et de ses différents Dima (chefferies autonomes), ainsi que des aristocraties Peulh, Dioula, Gourmantché, et Touareg ; il revient sur le processus des indépendances et tout particulièrement sur le processus de construction d’une nouvelle élite gouvernante. L’Essai souligne ainsi son processus d’émergence et de distanciation sociale d’avec les sociétés lignagères et villageoises puis de construction de sa culture politique. Ce processus prend racine dans les nouvelles modalités du Politique, de la Politique impulsées par le colonisateur et celles de la coopération internationale d’avec les nouveaux Etats indépendants impulsées par le monde occidental.

Cette partie souligne alors la spécificité de la nouvelle adversité à laquelle les sociétés traditionnelles font face avec les Indépendances. A la modalité de la contrainte extra-économique de la période coloniale (travaux forcés,...), fera suite, la contrainte développementaliste portée par les élites gouvernantes de toutes obédiences. En d’autres termes, la poursuite de la mission civilisatrice à l’égard de l’immense majorité de la population composée d’agriculteurs, d’éleveurs, pêcheurs, d’artisans et leurs prolongements dans le secteur informel urbain, vivant encore pleinement les traditions ancestrales auxquelles ils tiennent.

Cette partie tente en considérant cette nouvelle donne, historique, politique et anthropologique, de caractériser le modèle de l’Etat-Nation burkinabè et tout particulièrement les fondements et la dynamique de la crise sécuritaire actuelle dans notre pays.

L’Essai fait ainsi une analyse la crise du pastoralisme et l’irruption du djihadisme sur la scène politique et fait l’hypothèse de l’impossibilité dans notre pays d’un islam politique et de l’érection d’un califat islamique. L’enlisement de notre pays dans la guerre nourrit alors la stratégie politique du djihad global.

En effet depuis la défaite du Califat de Daech en Syrie et en Irak, les djihadistes savent qu’il leur est impossible d’afficher un Proto-État et à fortiori d’établir un État viable et durable. Leur objectif au Burkina Faso n’est sans doute pas de conquérir et d’exercer le pouvoir d’État ; c’est de faire de notre pays un non-État ; c’est-à-dire une zone de populations et de terroirs en déshérence soumis à l’obligation d’allégeance au salafisme et à une gouvernance par la violence systémique de chefs de guerre salafistes.

C’est sans doute tout cela qui explique l’impasse politique du "Tout Militaire" à gagner la Paix, à Refonder notre Vivre-ensemble, même en cas de défaite militaire des groupes djihadistes comme cela a été le cas en 2013 au Mali.

Tels sont aussi les termes d’une puissante interpellation à notre capacité d’imagination politique collective pour gagner une Paix durable, Refonder notre vivre ensemble et l’État.

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Sortir de la crise sécuritaire au Burkina Faso.
Episode 4/4

DANS LA DYNAMIQUE DE LA REFONDATION DU VIVRE-ENSEMBLE ET DE L’ETAT AU BURKINA FASO.
 
Partie III : Sociétés et Etat de la Refondation au Burkina Faso.
 
Que faire et comment le faire dans la situation actuelle ?
 
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Monsieur DM : face à l’interpellation à notre capacité d’imagination la troisième partie de l’Essai aborde la question du « Que faire ? » ; pouvez-vous nous introduire à la stratégie politique proposée ?

DM : Cette dernière partie de l’Essai étaye le rôle et la place spécifiques de nos sociétés villageoises contemporaines dans une sortie progressive de la guerre, et le retour à une paix durable au travers de la Refondation de l’Etat.

L’arme redoutée par les djihadistes et tout particulièrement par les salafistes n’est pas la puissance de feu ; puisque, mourir est pour le djihadiste combattant, une grâce d’Allah qu’il attend du sacrifice de sa vie en son nom et en sa gloire.

Il nous faut donc chercher autrement les voies et moyens pour les défaire politiquement puis militairement. Autrement dit la stratégie militaire doit être au service d’une stratégie politique dont l’objectif pour ainsi stratégique est la Refondation de l’Etat.

Nous serons sans doute tous d’accord pour dire que les combattants djihadistes villageois dans leur immense majorité, ne sont pas des idéologues et des salafistes indécrottables.

L’axe d’effort de la stratégie politique proposée c’est précisément de faire en sorte que les combattants villageois djihadistes qui forment le gros des troupes des Groupes armés djihadistes, se désolidarisent des leaders salafistes djihadistes terroristes et ce faisant, facilite leur éradication. Cela est possible non par un discours théologique anti-salafiste, des exhortations à déposer les armes et la seule action militaire, mais par une offre de dialogue crédible et sincère sur les problématiques qui ont fait que des villageois, en l’occurrence de culture pastorale, soient entrainés aussi massivement et de manière aussi déterminée, dans une insurrection djihadiste à savoir la remise en cause d’un Etat.

L’Essai étaye ainsi le paradigme du dialogue à travers ses acteurs, ses thématiques, ses modalités et conditions mais aussi sa mise en perspective avec la refondation du vivre-ensemble et de l’Etat. C’est en cela que le Cessez-Le-Feu est un élément de stratégie politique et militaire qui devra nous permettre de prendre l’ascendant sur les leaders djihadistes salafistes et leurs idéologues.

La clé du succès d’une telle stratégie politique, c’est donc notre mobilisation massive, sans équivoque et pacifique en faveur du dialogue.

La modalité essentielle d’une telle mobilisation populaire pacifique, c’est de recueillir Deux Millions de Signatures en faveur d’un Appel y relatif porté par une Pétition, adressé au JNIM et à l’Etat burkinabè et sollicitant l’appui moral de la coordination des Autorités Traditionnelles et Religieuses de notre pays.

C’est aussi une modalité d’auto-détermination qui s’affranchit de tout formalisme ; une forme de délibération collective qui ambitionne élargir de manière crédible l’espace public au milieu rural ; en effet, les signataires du milieu rural feront sans doute la différence contrairement aux mouvements populaires que notre pays a connu.  Ces mouvements ont constitué des tournants importants de notre histoire aux promesses de renouveau sans doute, mais aussi aux lendemains amères si l’on en juge par la situation tragique à laquelle notre pays est rendu.

A l’évidence, sans une telle dynamique populaire nouvelle et spécifique, on ne pourra pas Faire Nation et Réinventer l’Etat, en reflétant et en prenant en charge de manière structurelle et sérieuse le fait que nos sociétés villageoises contemporaines sont la donne immensément majoritaire de notre vie culturelle, institutionnelle, sociale et économique.

Nous pouvons tous nous mobiliser, porter et construire une telle voie de sortie de la crise sécuritaire en signant massivement la Pétition. Car notre nombre sera notre force !

 Bon courage à nous !




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