Appel à une mobilisation populaire pacifique pour gagner la Paix et engager la Refondation au Burkina Faso.
Avant tout propos, Il faut rendre hommage aux FDS et aux VDP qui depuis Huit (8) longues années consentent des sacrifices inouïs y compris le prix de la vie pour le retour de la Paix dans notre pays.
La crise sécuritaire au Burkina résulte d’une crise de notre modèle politique et l’a plongé dans une crise existentielle sans précédent : nous sommes à présent engagés dans une impasse avec la dynamique des coups d’Etat militaires.
Ces coups d’Etat fragilisent les capacités combattives des FDS en bureaucratisant ou en « mettant au garage » une bonne partie de la hiérarchie milliaire, en fragilisant leur cohésion à travers leur politisation dans des fractions antagonistes engagées dans la course au pouvoir d’Etat et subséquemment l’usage clanique des moyens de combats, en fragilisant la discipline et la solidarité entre corps, en fragilisant le sens de l’engagement patriotique du soldat du rang qui est l’âme même de l’armée.
En d’autre termes, ces coups d’Etat militaires sont la quintessence même de la déliquescence de l’Etat et les signes avant-coureurs de son effondrement.
Ainsi, depuis maintenant près de 20 mois, une élite militaire à travers deux coups d’Etat successifs induits par l’aggravation de la crise sécuritaire, est aux commandes de tous les leviers du pouvoir d’Etat et conduit la guerre pour la reconquête du territoire et le retour des PDI dans leurs villages.
Au bilan, les burkinabè sont partagés entre espoir, crainte, désillusion et tous, autant qu’ils sont, se posent assurément la question : A QUAND LA FIN DE LA GUERRE ET LE RETOUR A UNE PAIX DURABLE ?
Malheureusement, notre pays semble engagé sur le chemin d’un enlisement dans la guerre ; c’est au fond la stratégie politique des leaders Djihadistes d’AQMI et de DAECH qui ont instrumentalisé les Groupes armés burkinabè d’obédience salafiste qui remettent en cause ouvertement l’Etat-Nation post-colonial.
En effet, depuis la défaite du Califat de Daech en Syrie et en Irak, les leaders djihadistes savent qu’il leur est impossible d’afficher un Proto-Etat et à fortiori d’établir un Etat viable et durable. Leur objectif au Burkina Faso n’est sans doute pas de conquérir et d’exercer le pouvoir d’Etat ; c’est de faire de notre pays un non-Etat ; c’est-à-dire une zone de populations et de terroirs en déshérence soumis à l’obligation d’allégeance au salafisme et à la gouvernance par la violence systémique de chefs de guerre salafistes.
Il nous faut donc résolument refuser un tel avenir de chaos et ouvrir une alternative, loin des Vuvuzelas de la guerre totale qui font le lit du terrorisme ; il ne faut pas aussi se bercer d’illusion en pensant comme l’élite urbaine qui « mange et se tait », « boit tranquillement sa bière », qu’un beau matin elle se réveillera avec la très grosse surprise d’une Paix retrouvée.
La Paix exigera de la part d’une grande majorité de burkinabè beaucoup de lucidité, d’engagement, de courage, de patriotisme non galvaudé. A cet égard nous pouvons éclairer la réflexion et l’action politique utiles en participant au Sondage sur les modalités et perspectives de sortie de la crise sécuritaire à travers le lien : https://forms.gle/rgsGia8hssVVy9eF7 et en le partant largement (en cas de difficulté d’accès direct; copier et coller le lien dans votre navigateur).
Pour ma part, la Paix est possible par une mobilisation populaire pacifique pour sortir de la guerre, recouvrer le territoire et organiser le retour des PDI dans les villages avec dignité et confiance dans l’avenir.
Tel est aussi le chantier initié par le Groupe d’Initiative pour le Dialogue afin d’imposer par notre mobilisation massive, un Cessez-Le-Feu et l’ouverture d’un Dialogue communautaire à la base avec les combattants djihadistes notamment ceux mobilisés dans les franchises du JNIM au Burkina.
Qu’est à dire ?
En ce qui concerne le Cessez-Le-Feu.
C’est une modalité essentielle pour sortir progressivement de la guerre. Elle permet l’économie de nos forces à tout point de vue, de préserver des vies, de commencer à panser les meurtrissures et fragilités du tissu social mis à l’épreuve.
Il s’agit d’obtenir un Cessez-le-feu de (six) 6 mois renouvelable entre le JNIM et l’Etat Burkinabè.
C’est là que la stratégie militaire doit se mettre au service de la stratégie politique.
Les stratèges militaires connaissent bien l’importance du Cessez-le feu préconisé à cette étape de lutte ; ils en connaissent aussi les risques et les menaces, ainsi que les mesures à prendre pour leur gestion.
Les leaders des groupes affiliés au JNIM ont montré qu’ils étaient à l’écoute des tendances dans l’opinion publique en ce qui concerne les voies de sortie de la crise ; en témoigne leur réaction au lancement du recrutement de 50.000 VDP à l’avènement du MPSR 2 dont RFI s’est fait l’écho qui lui a valu la suspension de sa diffusion ; on peut ainsi considérer que l’escalade dans la stigmatisation et la violence contre les civils est en lien direct avec le recrutement massif de VDP, l’espoir qu’il a suscité et la modification significative des règles d’engagement des différentes parties qui l’ont accompagné.
Une mobilisation populaire pacifique en faveur d’un Cessez-Le-Feu et l’ouverture d’un dialogue à la base ne devrait donc pas laisser indifférents les leaders djihadistes burkinabè si les acteurs, thématiques et modalités d’un tel dialogue sont dans la perspective de dépasser de manière crédible et viable l’ordre post-colonial et ses valeurs ainsi que d’esquisser une refondation de l’Etat.
Les leaders djihadistes seront ainsi mis au pied du mur et placés dans l’obligation de souscrire au Cessez-le-feu et à la dynamique de sortie de la guerre, ou de prendre le risque en le refusant, de perdre le gros de leurs forces combattantes et d’en sortir particulièrement affaiblis. L’effet d’une telle stratégie politique aura aussi sans nul doute, un effet d’entrainement significatif dans les rangs de l’Etat Islamique au Sahel.
La modalité essentielle d’une telle mobilisation populaire pacifique c’est de recueillir Deux Millions de Signatures en faveur d’un Appel y relatif adressé au JNIM et à l’Etat burkinabè et sollicitant l’appui moral de la coordination des Autorités traditionnelles et Religieuses de notre pays.
Le Groupe est donc à la recherche de deux millions de signatures ; un nombre à valeur de symbole puissant ! en effet, deux millions en référence à la détresse sans nom des PDI, et plus que les suffrages exprimés en faveur de Roch Marc Christian Kaboré et tous nos autres présidents élus ; c’est donc une majorité politique plus que significative dans l’histoire politique de notre pays.
Compte tenu de l’Etat d’urgence en vigueur pour Six (6) mois sur 62,5 % du territoire, seule la campagne de collecte de signatures en ligne, a été lancée depuis le 1er avril 2023 à travers une Pétition.
Ceux qui veulent en prendre connaissance, et éventuellement la signer, une version audio et une version texte de la Pétition sont disponibles à travers le lien ci-après :
L’étape de la collecte de signatures au niveau des PDI et des villages selon des modalités adaptées interviendra dès que possible.
Notre mobilisation populaire, le Cessez-Le-Feu, la conduite effective du dialogue communautaire, ses résultats et leur mise en œuvre efficace seront les jalons déterminants de notre mouvement collectif vers la Refondation à travers le processus de façonnage d’un imaginaire alternatif à l’Etat-Nation post-colonial.
En ce qui concerne le dialogue.
Sous l’hypothèse d’un Cessez-Le-Feu de six (6) mois, renouvelable, il est possible d’organiser le retour d’une grande majorité de PDI dans leurs villages pour y engager elles aussi le dialogue.
Je voudrais à présent étayer la voie du dialogue à travers ses acteurs, ses thématiques, ses modalités ; ils se veulent des fondements crédibles et durables de la désescalade, de la refondation de notre vivre-ensemble et de l’Etat dans notre pays.
Les acteurs du dialogue.
Il s’agit d’une part, des sociétés villageoises dans leurs différents terroirs d’inscription et d’autre part, des franchises djihadistes du JNIM actives dans ces terroirs.
Les sociétés villageoises sont des corps sociaux et politiques institués bien avant l’Etat burkinabè ; elles continuent leur dynamique civilisationnelle envers et contre toutes les adversités des modèles politiques qui tentent de les subjuguer. Ainsi, ont-elles façonné à travers des processus instituant endogènes et autonomes des sociétés multinationales contemporaines bien vivantes avec leurs forces et leurs faiblesses et auxquelles l’immense majorité de burkinabè qui sont des agriculteurs, des éleveurs, des pêcheurs et des artisans, tiennent comme la prunelle de leurs yeux. Il nous faut en conséquence refuser de nier cette réalité au nom de la République, de la Nation, de la démocratie représentative, de la laïcité, et du modèle d’éducation de la jeunesse par l’école contre les valeurs traditionnelles.
Il nous faut donc donner à ces sociétés, la chance de prendre en charge à leur manière cette crise car connaissant bien mieux ceux des leurs qui sont engagés dans les groupes djihadistes et qui sont actifs dans les différents terroirs.
Les franchises djihadistes du JNIM, sont des structures décentralisées animées par des acteurs ruraux au niveau local sur la base de problématiques spécifiques ; ces derniers sont loin d’être des idéologues et des salafistes indécrottables. Ils n’entendent certainement pas vouer à la guerre leurs vies et celles de leurs familles.
Le dialogue pour être crédible doit donc offrir aux gros de leurs troupes combattantes, un espace crédible de dialogue dans la recherche, sur la base de nos traditions villageoises de gestion et de règlement des conflits, de solutions endogènes et concertées aux maux structurels qui ont rendu possible, un ancrage significatif des groupes djihadistes au sein de la jeunesse rurale à l’échelle nationale et l’embrasement du milieu rural ; C’est sans doute ainsi, ouvrir par le BAS, une voie plus adaptée de recherche de la Paix, de Refondation de notre vivre-ensemble et de l’Etat.
Les thématiques du dialogue.
Le dialogue au regard de tels acteurs, pour être crédible et viable doit avoir avec comme axe principal, la gestion de la crise foncière en milieu rural avec comme but assigné : La sécurité physique, culturelle et sociale partagée des communautés dans chaque village à travers une viabilisation de l’exploitation familiale qui est la modalité sociale productive de telles sociétés.
A cet égard, quatre (4) thématiques d’intérêt mutuel peuvent permettre de réactiver de manière adaptée les processus instituant endogènes et autonomes au niveau villageois afin de prendre en charge les besoins d’innovation et de changement qu’appelle une sortie durable de la crise sécuritaire.
- La rénovation endogène de la gestion coutumière de la terre afin de renforcer l’économie familiale et villageoise dans toute ses diversités sectorielles.
- La reconquête et/ou le renforcement du respect mutuel entre communautés et croyances.
- L’identification et de la gestion des besoins de mutation en rapport avec l’éducation de la jeunesse, la question des cadets sociaux, la sécurité alimentaire et les services sociaux de base.
- La réconciliation au niveau villageois sur la base des mécanismes traditionnels éprouvés et à réinventer au besoin.
Les modalités du dialogue.
Elles doivent être ancrées dans les modalités spécifiques de la délibération villageoise et ainsi, donner droit sans équivoque aux processus instituant endogènes et autonomes des sociétés villageoises.
Ainsi dans chaque village, les corps constitués traditionnels que sont le chef de terre, le chef coutumier le chef de village, élargis au Bureau CVD (Conseil villageois de développement), aux autorités religieuses, aux leaders d’opinion des communautés allochtones, des communautés discriminées, des jeunes et des femmes doivent délibérer et prendre des décisions sur ces quatre (4) thématiques ainsi que sur les modalités de leur mise en œuvre efficace y compris les mécanismes de suivi, d’ajustement et de sanction.
Sur cette base, chaque village ou groupe d’affinité de villages, prendra langue avec leurs frères affiliés au JNIM actifs sur le terroir afin d’engager le dialogue et la recherche d’accords qui s’imposeront à chacun y compris les mécanismes de suivi, d’ajustement et de sanction.
Bien naturellement ces décisions dans leurs diversités ne devront pas être contestées au nom de principes modernistes et universalistes abstraits ; leur mise en commun et les nouveaux compromis éventuels à trouver devront être pris en charge par des concertations villageoises en considérant les convergences et les divergences.
Alors s’esquissera ainsi, le premier pilier essentiel de la Refondation du Vivre-ensemble et de l’État : le village comme échelon de base d’une approche délibérative, participative et inclusive de l’action publique.
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