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Un autre regard sur la modernité occidentale (Partie I)

UN AUTRE REGARD SUR LA MODERNITE OCCIDENTALE (PARTIE I).

Introduction à la problématisation de la modernité occidentale .



Après la présentation de la thématique « Un autre regard sur nos traditions ancestrales », j’aborde à présent la thématique «Un autre regard sur la modernité occidentale».

Comme on le sait, la modernité occidentale s’est imposée à l’Afrique subsaharienne par la traite négrière, la conquête militaire coloniale et la colonisation; puis par les Indépendances et leurs modalités diverses de néo-colonialisme; puis, plus encore aujourd’hui, par la globalisation et la mondialisation ; elle nous fascine par ses réalisations scientifiques et techniques qui mettent à mal les pensées dites post-coloniale et décoloniale, les critiques du déferlement de la modernité, porté par le moteur science-technique-économie-valeurs ainsi que l’écologie politique. Tous ces différents courants de pensée, semblent manquer de perspectives pour affronter et dépasser la modernité occidentale qu'elles dénoncent à juste titre ; mais comme on sait, son ambition c’est de subjuguer le "Reste du monde" en se pensant universelle et en y travaillant inlassablement et de manière plus que déterminée. Comme on sait aussi, cette dynamique déterminée de la modernité occidentale, son «inconscience technologique»1, a engagé notre monde sur le chemin d’une 6ème extinction2, Anthropocène c’est fois-ci. C’est dire les dimensions ontologique, anthropologique et politique portées par la modernité occidentale qui en font assurément, un problème  pour l’humanité.

Pour aborder la thématique « Un autre regard sur la modernité occidentale » je vais m’appuyer sur le dernier ouvrage d’Emmanuel Todd3 : « La défaite de l’Occident »; une annonce plus qu’ inédite s’il en est !

Sa réflexion prédit la défaite de l’Occident dans la guerre en Ukraine que l’Editeur résume comme suit : « Mobilisant les ressources de l’économie, de  la sociologie religieuse et de l’anthropologie des profondeurs, Emmanuel Todd nous propose un tour du monde réel, de la Russie à l’Ukraine, des anciennes démocraties populaires à l’Allemagne, de la Grande-Bretagne à la Scandinavie et aux États-Unis, sans oublier ce Reste du monde dont le choix a décidé de l’issue de la guerre».

La lecture du sommaire de son ouvrage nous introduit aux lignes de forces de sa réflexion qui, au-delà de la prédiction, problématisent la civilisation occidentale et sa modernité ;  assurément, cela interpelle les africains au sud du Sahara et tout particulièrement, nous africains, du Sahel central, devenu à présent un terrain majeur du jeu  géopolitique mondial;  la réflexion d’Emmanuel Todd dans l’ouvrage s’organise ainsi:

Introduction : Les dix surprises de la guerre
Chapitre 1 : La stabilité russe
Chapitre 2 : L’énigme  ukrainienne
Chapitre 3 : En Europe orientale, une russophobie postmoderne
Chapitre 4: Qu’est-ce que l’Occident?
Chapitre 5: Le suicide assisté de l’Europe
Chapitre 6 : En Grande-Bretagne : vers la nation zéro (Croule Britannia)
Chapitre 7 : La Scandinavie: du féminisme au bellicisme
Chapitre 8 : La vrai nature de l’Amérique: oligarchie et nihilisme
Chapitre 9 : Dégonfler l’économie américaine
Chapitre 10 :  La bande de Washington
Chapitre 11 :  Pourquoi le Reste du monde soutien la Russie
Conclusion  :  Comment les États-Unis sont tombés dans le piège ukrainien (1990-2022)
Post-scriptum (postface)  : Nihilisme américain : La preuve par Gaza.

Emmanuel Todd n’est pas n’importe quel quidam comme on dit ! Il a prédit dans un ouvrage publié en 1976 chez Robert Laffont, la chute de L’Empire bolchevique - quand celle-ci était loin d’être imaginable,  avec son premier livre : « La chute finale. Essai sur la décomposition de la sphère soviétique ». 

Emmanuel Todd n’est pas le seul intellectuel occidental reconnu, à avoir un regard critique de la problématique civilisationnelle de l’Occident; cependant, il l’aborde d’une manière que l’on pourrait qualifier d’hétérodoxe par rapport à la critique dominante de l’Occident par les occidentaux eux-mêmes. Sa méthode est utile pour nous autres, confrontés à l’Occident, si l’on peut dire, car sa critique bien plus que de coutume et de manière originale, souligne le rôle des dimensions telles, l’«anthropologie des profondeurs» : les systèmes familiaux ainsi que celui des dimensions les plus structurantes dans l’évolution démographique, religieuse et la stratification sociale, qui explicitent les choix politiques et sociétaux observés aujourd’hui en Occident. C’est tout cela me semble-t-il, qui donne une tonalité particulière à ses prédictions et réflexions sur différentes thématiques que souligne son activité éditoriale particulièrement fournie.

Ainsi, j’ai dénombré 2 titres dans les années 1970 (dont «La chute finale »);  4 titres dans les années 1980 (dont «L’invention de la France. Atlas anthropologique et politique»); 4 titres dans les années 1990 (dont «L’Invention de l’Europe» ); 2 titres dans les années 2000 :  «Le Rendez-vous des civilisations» en 2007 avec Youssef Courbage et en 2008 : «Après la démocratie»; 6 titres dans les années 2010 ( dont «L’origine des systèmes familiaux Tome 1 : L’Eurasie» ; «Où en sommes-nous ? Une esquisse de l’histoire humaine»; « Qui est Charlie? Sociologie d’une crise religieuse » en lien avec les manifestations «Je suis Charlie» suite aux attentats terroristes qui ont frappé le Journal Charlie Hebdo; «Allah n’y est pour rien ! Sur les révolutions arabes et quelques autres».); 4 titres dans les années 2020 (dont «La défaite de l’Occident», «Où en sont-elles? Une esquisse de l’histoire des femmes»; « Éloge de l’empirisme. Dialogue sur l’épistémologie des sciences sociales»).

Je voudrais ouvrir à présent la thématique «Un autre regard  sur la modernité occidentale» par une introduction aux méthodes d’analyse d’Emmanuel Todd, par la présentation d’extraits de sa préface à l’édition de 1990 de « La chute finale. Essai sur la décomposition de la sphère soviétique » ; Suivons alors Emmanuel Todd4:

Publiée pour la première fois en 1976, La Chute finale apparaît en 1990 comme un exemple de prédiction à moyen terme vérifiée par l'évolution historique. La sphère soviétique se décompose selon un processus conforme, dans ses grandes lignes, au modèle présenté dans ce livre il y a une quinzaine d'années, et que l'on peut résumer en quelques propositions.
  • L'économie soviétique a atteint vers 1975 le stade de la croissance zéro, l'expansion militaire masquant alors les premiers signes de régression du niveau de vie des citoyens.
  • Les performances des économies occidentales créent parallèlement une concurrence intenable pour le système soviétique.
  • Les démocraties populaires jouent un rôle particulier dans la pénétration du monde communiste par le modèle social occidental.
  • La nouvelle classe soviétique (la nomenklatura) admet l'échec de la centralisation intégrale et se trouve contrainte, sous peine d'explosion, de réformer l'économie et la société.
  • Une réforme du système communiste ne peut que détruire les fondements de la centralisation impériale russe et libérer les tendances centrifuges des républiques périphériques de l'URSS.
La réussite de cet ensemble prédictif ne fait certes pas de l'histoire une discipline scientifique, mais elle suggère cependant que le scepticisme de Popper concernant la possibilité de produire des prédictions historiques valables n'est pas absolument raisonnable. Certains éléments de la réalité soviétique du milieu des années 70 permettaient de percevoir la désagrégation du système social et de spéculer sur les inévitables modifications politiques et économiques qui en résulteraient.
 
La Chute finale s'efforce de saisir l'effritement du système à travers une pluralité d'indicateurs — de la chute de productivité du KGB à l'émergence d'un ton pessimiste dans la science-fiction soviétique — mais il me paraît honnête d'avouer que ma conviction personnelle quant à l'existence d'une crise irréversible découlait pour l'essentiel de l'analyse démographique, et peut-être au fond de l'évolution étonnante d'une seule variable, le taux de mortalité infantile5.

La hausse du taux de mortalité infantile russe entre 1971 et 1974, la disparition de cet indice simple de la statistique officielle dans les années ultérieures, me semblait une preuve évidente de ce qu'à l'Est «il se passait quelque chose ». L'histoire n'y était pas arrêtée et semblait y prendre une forme régressive. Les variables démographiques sont par essence difficiles à manipuler. Leur cohérence et leur solidité découlent de l'équation humaine fondamentale : tous ceux qui naissent doivent mourir et, sur une longue période, le nombre des décès est nécessairement égal à celui des naissances. Correctement interprétés, les indices de natalité et de mortalité sont de puissants révélateurs, capables de trahir une société qui se cache. Au contraire de l'économétrie, dont les analyses quantitatives doivent s'appuyer sur les notions fragiles de prix, de quantité et de qualité, la démographie, science simple et brutale, est insensible à l'idéologie. Dans un article rédigé en 1978, et reproduit en annexe, «U.RSS. : la crise au présent. Description par une analyse des phénomènes de mortalité», j'ai essayé de montrer l'utilité particulière de la démographie pour le déchiffrement de la crise soviétique.

La Chute finale avait été dans l'ensemble bien accueillie par la critique, comme le montrent les principaux articles reproduits à la fin de ce volume. Cette bonne réception, et la traduction très rapide du livre dans les principales langues européennes (allemand, italien, espagnol, portugais, anglais, néerlandais) montrent que les sociétés occidentales étaient tout à fait prêtes à concevoir, vers 1976, une décomposition de la sphère soviétique. Entre 1980 et 1985, cependant, cette hypothèse a régressé jusqu'à disparaître, et les livres qui l'évoquaient, «La Chute finale comment L'U.R.S.S. survivra-telle en 1984» d'Andreï Amarik, ont été, pour l'essentiel oubliés. Pourquoi ? L'installation de l'Occident dans sa crise économique, l'invasion de l'Afghanistan par l'Armée rouge en janvier 1980, ont donné l'impression qu'une fois de plus le dynamisme passait de l'Ouest à l'Est. Dans un article publié par Politique internationale durant l'été 1980 (...), j'ai tenté de montrer qu'il s'agissait d'une illusion, que l'aventure militaire d'Afghanistan était sans espoir pour les Soviétiques et représentait surtout un symptôme d'affolement de la classe dirigeante. Sans grand effet intellectuel.

La crise du système économique et social soviétique était mûre dès 1975. Mais, définie simultanément par l'échec de l'économie centralisée et par le succès de l'économie libérale, elle pouvait être résolue, soit par l'autodestruction du système communiste, soit par l'effondrement du camp occidental. Il me semble qu'entre 1975 et 1985, à la suite de l'extension du chômage la nouvelle classe soviétique a espéré, une dernière fois, l'effondrement économique de l'Occident et que cet ultime rêve communiste explique les tentatives d'intimidation militaire du début des années 80, efficacement contrées par la politique très ferme de Ronald Reagan.

Lorsque disparaît cet espoir de voir l'U.R.S.S. stabilisée par une désintégration des économies occidentales s'ouvre l'ère des réformes gorbatcheviennes.

Bref, l'ère Gorbatchev marque la fin de la guerre froide, mais cette guerre d'un genre très particulier s'achève de la manière la plus classique, avec un vainqueur, le camp occidental, et un vaincu, l'U.R.S.S. Une telle représentation mène à une perception réaliste et prudente de la conversion progressive de la nouvelle classe soviétique à une conception plus libérale de la vie économique, sociale et politique. Le libéralisme des dirigeants soviétiques est réel mais instrumental. Il découle d'un effort de la raison plus que d'un élan du cœur. La libéralisation de l'information, des structures économiques, des mécanismes politiques, est un moyen qui devrait permettre une remise à niveau de la Russie sur le plan de la compétition internationale, même si le prix à payer est, à court terme, la dislocation de l'Empire. La liberté est adoptée, saisie comme valeur fondamentale parce qu'elle est l'arme du vainqueur et qu'elle a prouvé sa dévastatrice efficacité sociale. La motivation primaire des dirigeants soviétiques me semble toujours est — comme indiqué dans La Chute finale — le nationalisme russe, et c'est pourquoi l'extinction du concept de communisme implique nécessairement la réémergence de celui de Russie.

Une conversion générale et affective des populations russes à l'idéal de liberté ne doit pas être exclue du champ des possibles historiques mais il semble prématuré d'affirmer, en 1990, que cette conversion a déjà eu lieu, même si la probabilité d'émergence d'une vie démocratique normale est plus élevée aujourd'hui qu'à toute autre époque de l'histoire russe.

La Chute finale met en scène trois acteurs possibles du changement dans la sphère soviétique : les peuples satellites (des démocraties populaires et des républiques périphériques), la nouvelle classe, le peuple russe. Les deux premiers — peuples satellites et nouvelle classe — sont effectivement très visibles dans le processus de transformation des années 1985 -1990, qui prend sur le plan médiatique l'allure d'un dialogue entre Gorbatchev et les peuples polonais, baltes, hongrois, est-allemand, roumain, bulgare, tchécoslovaque, arménien, azéri, tadjik, etc. Le troisième acteur, le peuple russe, est beaucoup moins visible. Je l'avais décrit comme transformé par l'alphabétisation, l'industrialisation, la contraception. On ne peut cependant affirmer que cette modernisation mentale a déjà pris la forme d'une adhésion aux valeurs occidentales. Aucune exigence de liberté n'a submergé entre 1985 et 1990, les structures du pouvoir en Russie même, où les manifestations de rue sont restées bien modestes.

Le gorbatchevisme est jusqu'à 1990 une libéralisation par en haut. L'entrée en scène des masses russes pourrait ouvrir une nouvelle phase du processus de transformation sociale. La persistance de leur actuelle passivité (prenant éventuellement la forme d'une adhésion renouvelée à l'autoritarisme traditionnel) impliquerait, bien entendu, un autre cours historique. Mais la prise en compte de la variable clef définie par le couple logique « activité/passivité des populations russes » oblige les Occidentaux à envisager plusieurs trajectoires sociopolitiques pour la Russie des années 1990-2000.

Le communisme est bien mort comme forme d'organisation économique, sociale et politique. La disparition de cette construction historique à la fois banale, terrifiante et loufoque ne définit cependant pas à elle seule la forme future du régime et de la culture politique russes. De façon plus générale, la fin de l'Union soviétique n'implique pas celle de la Russie. À écouter certains commentateurs spéculer sur « la disparition de l’un des deux supergrands » on a parfois l'impression d'assister à un ultime triomphe de l'idéologie : autrefois l'idéologie communiste fabriquait pour l'usage des Occidentaux l'image d'une société idéale. Celle-ci s'évanouit aujourd'hui, et les Occidentaux, conditionnés à ne percevoir qu'elle, ne se rendent pas clairement compte que le pays producteur de l'image, la Russie, existe toujours. Même privée de ses républiques baltes, caucasiennes et centre-asiatiques, la Russie historique (Russie + Biélorussie + Ukraine) représenterait toujours une masse démographique de 210 millions d'habitants, dont le niveau intellectuel et technique n'a pas baissé dans le courant des dix dernières années. La Russie restera un supergrand, dont l'ombre un peu vaste continuera de porter sur l'Europe.

Emmanuel Todd Février 1990.


Chacun peut à présent - en considérant la situation actuelle de la Russie
6 et sa position dans la géopolitique mondiale et plus particulièrement son invasion de l’Ukraine, se faire la mesure de la puissance prédictive et opératoire de sa pensée sur l’histoire humaine qui doivent retenir l’attention, sans égard à la doxa néolibérale dominante qui traite Emmanuel Todd de tous les noms d’oiseaux, pour avoir dit sa vérité à l’Occident et plus particulièrement au travers de son analyse de la tragique guerre en Ukraine7.

Il me reste à indiquer la suite du schéma de la présentation qui sera faite des extraits de l’Ouvrage « La défaite de l’Occident» qui comprendra (i) l’Introduction (ii) le chapitre 4 : Qu’est-ce que l’Occident (iii) le Chapitre 8 : La vrai nature de l’Amérique: oligarchie et nihilisme (iv) le Chapitre 9 : Dégonfler l’économie américaine et (v) Chapitre 11 :  Pourquoi le Reste du monde soutien la Russie?


DIALLO Mamadou.

___________________________

[1]  Cette caractérisation fait écho au fameux aphorisme de Rabelais : «Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».  Pour sa part Einstein estimait :   « Le progrès technique est comme une hache qu'on aurait mise dans les mains d'un psychopathe ». Ou encore : « La perfection des moyens et la confusion des buts semblent caractériser notre époque ».

[2] Ces cinq dernières extinctions survenues entre - 450 Millions d’années et - 66 millions d’années, ont provoqué chacune, la disparition d’au moins 60 à 90% des espaces vivantes. La cinquième est celle qui est la plus connue et correspond à la disparition des fameux dinosaures. Homo sapiens sapiens (notre espèce vous et moi) n’y était naturellement pas en cause car il n’existait pas encore. Sources site du Musée national d’histoire naturelle (France).

[3] Emmanuel Todd est Historien, anthropologue, démographe et essayiste français : Wikipédia consulté le 6 décembre 2024. On peut suivre Emmanuel Todd dans cette interview sur sa théorie par ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=jG_WZcBarIg. 

[4] Interview sur son ouvrage à travers ce lien :https://www.youtube.com/watch?v=-zqpquLwRjY

[5] Rétrospectivement en 2024 dans «La défaite de l’Occident», Emmanuel Todd nuance son propos: « Après tout, c’est bien l’arrivée à maturité d’un certain type de classes moyennes, définies par l’éducation, qui a fait s’effondrer le communisme. En 1976, dans La chute finale. Essai sur la décomposition de la sphère soviétique, j’avais mesuré l’échec économique du système et prédit sa déconfiture en m’appuyant sur une augmentation du taux de mortalité infantile. Le facteur déclenchant de la chute, toutefois, n’a pas été, me semble-t-il maintenant, la paralysie économique du système mais bien plutôt l’émergence d’une classe moyenne éduquée et supérieure». Cependant, il estime que si les classes moyennes de la Russie actuelle sont un peu plus libérales que le reste de la population, elles ne constituent pour autant un vivier pour la construction d’une démocratie libérale à l’occidentale ». Car indique Emmanuel Todd : « Leur différence est ancrée dans un fond anthropologique singulier - à savoir, la famille communautaire paysanne patrilinéaire russe qui véhicule des valeurs d’autorité du père sur ses fils, d’égalité entre frères et un meilleur statut de la femme selon E. Todd; ajouté par Diallo Mamadou -, qui est d’ailleurs l’un des éléments d’explication de la solidité de la Russie face à l’Occident»

[6] A s’en tenir seulement au taux de mortalité infantile, qui avait servit à Emmanuel Todd pour prédire la chute de l’URSS, on retiendra ainsi qu’il est passé 27,7 pour 1000 naissances vivantes en 1974 (La chute finale)  à 4,4 en 2020 , en dessous des 5,4 des États-Unis selon Emmanuel Todd qui cite les chiffres de l’UNICEF;  le chapitre 1 de  « La défaite de l’Occident »  traite en profondeur de la «stabilité russe» sous l’ère Poutine après sa décadence terrible sous Boris Eltsine . Ce chapitre fournit des statistiques, des réflexions anthropologiques, sociologiques et politiques éclairantes sur la Russie qui font écho à son redressement spectaculaire et à sa stabilité. 

[7] Emmanuel Todd avait aussi prédit la défaite de l’URSS après son invasion de ce pays musulman  proche des parties occidentales de l’Empire soviétique et de culture islamique dont il craignait selon lui la contagion islamiste. Son analyse de l’évolution de l’Occident entré dans la phase néolibérale permet une compréhension de la défaite de l’Occident à son tour en Afghanistan en 2022 face aux talibans.

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